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Maitre Moy Lin-shin


Maitre Moy Lin-shin

Originaire de la province du Guangdong, maitre Moy Lin-shin (1931-1998) reçoit les enseignements de la tradition daoïste syncrétique des « trois religions » (bouddhisme, taoïsme, confucianisme) dans sa province d'origine et à Hong Kong où il s'établit, comme nombre de ses concitoyens, à l'époque de la révolution de 1949. Dès les années 1950, il fait partie de l'Institut Yuen Yuen dédié justement à la diffusion des « trois religions ».

Au cours des années 1960, maitre Moy soutient également les activités d'un petit temple familial appelé Fung Loy Kok, où vivent le prêtre daoïste Mui Ming-To et son épouse, Mme Tang Yuen-Mei, deux figures importantes de l'Institut Yuen Yuen.Ils y dispensent des services traditionnels (autels, offrande d'encens, rituels, divination, tableau à la mémoire des défunts, etc.), et un service de repas végétariens offerts aux familles qui visitent le temple. Situé sur le flanc d'une colline et bordé par une rivière, le temple permettait à l'origine aux visiteurs de s'offrir un peu de campagne, avant que l'expansion urbaine ne le rejoigne. J'y ai séjourné à de nombreuses reprises, lorsque j'étais de passage à Hong Kong. Le temple n'existe plus, ayant été transmis à l'Institut Yuen Yuen après le décès de Mui Ming-Do.
Maitre Moy a été connu plus tard comme un moine daoïste. On imagine un moine comme une personne vivant dans un monastère. Or, ceci ne cadre pas avec la vie de maitre Moy et le mot « moine » est en ce sens inapproprié. Ni l'institut Yuen Yuen ni le Fung Loy Kok n'étaient des monastères. Maitre Moy s'était d'abord établi comme tailleur et exploitait une petite boutique sur l’ile de Hong Kong, avec son partenaire M. Mah, avant de partir pour le Canada. J'ai d'ailleurs rendu visite à ce dernier dans la même boutique au cours des années 1980. 

Il est plus exact de comprendre la démarche de maitre Moy comme celle d'une personne qui a été initiée dans une tradition spirituelle, qui observait des vœux et qui était dans une large mesure un renonçant. Il fera éventuellement le lien entre ces vœux et l'établissement de son école au Canada, à laquelle il était entièrement dédié.


De gauche à droite, Mui Ming-To, Mme ?, Sun Dit, Moy Lin-shin, Yeung S. W.
[© Philippe Gagnon : c.1988] Photo prise à l’ Institut Yuen Yuen, Hong Kong

Parallèlement à sa formation spirituelle, maitre Moy s'intéresse très tôt aux arts martiaux internes comme le taïchi, le xingyi, le bagua, le liuhebafa, etc., qu'il met en lien avec les gymnastiques taoïstes et la méditation.

Il s'intéresse à la pratique des arts internes particulièrement en tant qu'arts de santé et pratiques pouvant soutenir sa démarche spirituelle. Ses professeurs sont tous des personnes laïques. Bien qu'il ait mentionné en avoir eu au moins six, deux d'entre eux seront toujours cités pour l'influence déterminante qu'ils ont eue sur son apprentissage : maitre Sun Di(t) (Sun Zhi) (1917-1999), ci-contre, et son maitre à lui, le célèbre Liang Zipeng (1900-1974).


Parenthèse sur Liang Zipeng


Maitre Liang, brillant membre de l'académie Jing Wu de Shanghai, acquiert une vaste formation en arts martiaux et est l'élève dédié de plusieurs grands maitres au cours des années 1920-40. Devenu spécialiste de l'art dit des « serres de l'aigle » (鷹爪) sous le grand maitre Chen Zi Zheng, il s'intéresse par la suite aux arts internes et étudie notamment auprès du créateur moderne du Liuhebafa,
Wu Yihui, et aussi auprès de You Pengxi, un élève célébre du créateur du Yiquan, Wang Xiangzhai.

Vers 1946, Liang se déplace à Hong Kong. Bénéficiant de ressources financières en lien à des activités  commerciales, il choisit d'enseigner à temps partiel, de façon désintéressée. Il aura de nombreux élèves, dont maitre Sun et maitre Moy.


video sur Youtube





Tout en s'entrainant à la pratique de ces arts martiaux internes, maitre Moy a suivi un autre professeur auquel il est toujours resté attaché. Il s'agit de l'énigmatique maitre Yeung, un personnage discret qui pratiquait et enseignait de façon privée une forme de neigong très intense et physiquement exigeante, mais qui pour le moment reste sans nom. Quelques élèves accompagnant maitre Moy ont pu le rencontrer avant sa mort, qui suivra celle de maitre Moy, mais il demeurait difficile d'accès.

Ce qui marque par la suite l'évolution de l'art de maitre Moy, c'est sa création d'une nouvelle forme et d'une nouvelle approche à l'enseignement du taijiquan. Cette forme, fondée sur le modèle de la forme Yang classique, introduit des principes assez révolutionnaires au regard de la tradition. Il amène cette nouvelle approche avec lui au Canada et continue de la développer au sein de son école jusqu'en 1998, où il est emporté par la maladie. 

Au début des années '70, à l'exemple de maitre Liang, il n'accepte pas de revenus de l'école, mais travaille plutôt dans des restaurants du quartier chinois pour gagner sa vie. Finalement, pour se dévouer entièrement à sa mission de rendre ces arts accessibles, il consent à recevoir un modeste salaire. Sa vie fut désormais consacrée à faire prospérer son école à travers l'Amérique et l'Europe.

Photo: Maitre Moy enseigne à un groupe en 1983
© Philippe Gagnon



photo: © Philippe Gagnon (années 1980)
Maitre Moy est décédé en 1998, avant de pouvoir achever son œuvre. Ce qu'il a transmis est une expérience pratique du mouvement. Il n'a pas laissé d'écrits directs. Son enseignement ne survit que dans la mémoire et les mouvements de ses élèves. Or, quelques années plus tard, on peut constater que la majorité des élèves à qui il a enseigné directement et de façon soutenue se sont dispersés. Quelques livres ont été publiés de son vivant avec son accord, mais il s'agissait de manuels de base, montrant des photos pour l'apprentissage et offrant des explications des principes généraux. L'essentiel de son art n'a pas été documenté et n’a pas systématisé au-delà des pratiques débutantes, de sorte que ce sont surtout celles-ci qui peuvent être observées de nos jours. Bien des gens qui pratiquent les enchainements qu’il a modifiés selon sa méthode n’ont aucune idée de la profondeur et de la finesse de ses enseignements.

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Philippe Gagnon


texte de Philippe Gagnon © 2014-2016

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Philippe Gagnon


Pour vous aider à comprendre mon parcours, voici un court résumé de plus de 45 ans de pratique du taïchi et autres arts internes.

J’ai étudié auprès de maitre Moy Lin-shin et un bon nombre de ses élèves avancés pendant 23 ans, soit à partir de l’âge de 18 ans en 1975, jusqu’en 1998 (l’année de son décès). Entre 1975 et 1983, j’ai exploré dans toutes les directions. Nourri par l’enthousiasme, je m’entrainais quotidiennement avec des amis qui suivaient avec moi Maître Moy. J’ai aussi eu l’occasion d’explorer différentes écoles de taïchi. Ainsi, j’ai reçu des enseignements de maitres respectés du style Wu et du style Yang, au Canada (notamment, maitre Lee Man-Charn) et à Taïwan (maitre Sun Shao Jyu). Grâce à ma rencontre avec le prêtre daoïste Mui Ming-To, alors établi à Hong Kong, j’ai aussi été initié aux enseignements syncrétiques (bouddhiques, daoïstes et confucéens) et aux pratiques méditatives de la tradition spirituelle de maitre Moy.


Philippe démontre le liuhebafa en 1983.

Après avoir complété un parcours universitaire comprenant des études sur l’Asie de l’Est et en droit, j’ai vécu en Chine (Wuhan, Hong Kong) entre 1983 et 1989, d’abord afin d’obtenir une maitrise en droit, puis pour commencer à exercer ma profession. Au cours de cette période, j’ai eu le bonheur de rencontrer de nombreux maitres et adeptes de plusieurs styles de taïchi. J’ai continué cependant de m’entrainer avec maitre Moy lors de voyages au Canada, ou des visites de ce dernier à Hong Kong. À cette époque, maitre Moy m’a présenté à l’un de ses propres professeurs, maitre Sun Dit (Sun Zhi), avec qui j’ai étudié en particulier la deuxième moitié de l’enchainement du liuhebafa (Lokhup - l’art des 6 harmonies et 8 méthodes).  



Maitres Sun Dit et Moy Lin-Shin avec des élèves et amis au temple Fung Loy Kok à Hong Kong. Philippe se trouve au fond à gauche.


Classe d'aînées à Tsuen wan, avec Yeung S.W. c.


Maitre Sun Dit exécute l'enchainement du Xingyi à l'Institut Yuen Yuen, Hong Kong.
© photos de l'auteur, c. 1986-9



En 1982 et 1984, j’ai pu m’entrainer à Taïwan auprès de maitre Sun Shao Jyu, que l’on voit ci-après exécuter une routine avec l’épée devant le National Dr. Sun Yat-Sen Memorial Hall, à Taipei. Ancien militaire, maitre Sun pratiquait un taïchi de style Yang classique, dans toutes ses formes, et maitrisait l’art du pousse-mains. Il enseignait de nombreuses routines connexes exécutées avec l’épée (sancaijian, wujijian, qimenjian, etc.), le sabre et même l’éventail.




© photos de l'auteur,  1984

De retour à Montréal à la fin de 1989, j’ai fait parti du groupe des instructeurs de premier plan auprès de l’école originale de maitre Moy, qui m'a également invité à y agir comme conseiller juridique. J’ai aussi présidé pendant quelques années à l’institut taoïste Fung Loy Kok, que j’ai aidé à réorganiser à la demande du maitre. Au cours de ces années, j’ai aussi accompagné maitre Moy, ou été dépêché par lui à des ateliers internationaux aux États-Unis et en Europe.

La mort de maitre Moy en 1998 a été suivie d’une période de transition intense. Nombre de personnes ont quitté graduellement l’école originale et j’ai emboîté le pas en 2008. Je n’ai donc aucun lien avec ce qu’est devenue l’école par la suite. Dix ans après la mort de Maître Moy, et après une bonne dose d'introspection, j'ai compris que je devais faire autre chose, plus efficace, pour aider à maintenir son héritage. Ce fut pour moi le début d'un nouveau voyage.

Je me suis d'abord retiré pendant un certain temps pour faire la synthèse de mes connaissances. J'ai commencé à explorer les arts internes avec de nombreux anciens élèves de Maître Moy.  C’est ainsi qu’a commencé à germer la compréhension globale qui me permet maintenant de faire le pont entre les enseignements uniques du maitre et le discours traditionnel.  Depuis lors, je suis allé à la rencontre d'autres groupes et instructeurs, pour partager l'art et apporter mon soutien quand je le peux. J’ai également mené des recherches sur les théories et l’évolution du taïchi, et profité de séjours en Asie et en Europe pour consulter des experts académiques. Je me suis intéressé aussi à la pratique de la pleine conscience liée au bouddhisme Zen et aux enseignements du moine vietnamien Thich Nhat Hanh. Je continue à explorer les liens profonds entre cette pratique et les arts internes comme le taïchi. Enfin, c’est en 2013 que j’ai doucement repris les activités d’enseignement à Montréal, afin de continuer à partager les bienfaits du taïchi et des arts internes tels que transmis par maitre Moy et à soutenir les efforts de nombreux instructeurs et organismes.


© Philippe Gagnon, 2019

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